– Bonjour Dr Chanelière, pouvez-vous vous présenter ? –

“Bonjour, j’ai fait mes études de médecine à Lyon et me suis ensuite spécialisée en pédiatrie, plus spécifiquement en pneumo-pédiatrie. Je partage actuellement mon activité entre le cabinet et une consultation à l’hôpital auprès d’enfants porteurs de handicap.”

– Qu’est-ce qu’une crise d’asthme ? –

“La « crise d’asthme », c’est effectivement ce qui inquiète tout le monde : parents, enfants, enseignants… L’asthme est due à une inflammation des bronches, la crise, elle, est causée par une obstruction des bronches plus ou moins importante, qui peut être déclenchée par des virus, un contact avec un allergène, une exposition à des toxiques (tabac, pollution, produits ménagers..), un effort etc…

C’est un peu comme un incendie qui embrase les poumons : il faut vite le détecter pour pouvoir éteindre le feu avant qu’il ne se propage !”

– Comment se caractérise-t-elle ? –

“Elle peut se présenter de façons variables chez les enfants. Typiquement, il s’agit de difficultés respiratoires, d’un essoufflement avec des quintes de toux importantes et sèches, associées à des sifflements. Mais certains symptômes peuvent manquer : certains enfants présentent uniquement une toux incessante, certains ne sont gênés que la nuit ou au petit matin, d’autres seulement durant l’effort.”

– Comment faire la différence entre une toux anodine et une crise d’asthme ? –

“En cas d’asthme diagnostiqué une toux ne doit pas être prise à la légère par les parents et doit être surveillée : elle peut souvent entraîner un début de crise.”

– Quels sont les signes et comment les interpréter ? –

“Les signes sont des marqueurs de gravité de la crise. Lorsque l’on est en crise et que l’on cherche son air, on se met à « tirer » c’est-à-dire à mettre en jeu des muscles dits “accessoires” pour nous aider à respirer (car l’air ne rentre et ne sort plus aussi facilement). Les signes de « tirage » ou les « battements des ailes du nez » en font partie, ainsi que la respiration « par le ventre » ou balancement : il s’agit de signes de lutte. Les sifflements signifient qu’il y a un spasme au niveau des bronches, donc un rétrécissement du calibre qui bloque le passage de l’air. Les changements de comportement comme une fatigue inhabituelle ou au contraire une excitation excessive sont aussi à surveiller car ils traduisent un inconfort de l’enfant et peuvent refléter une anomalie des échanges gazeux (oxygène et gaz carbonique).Tous ces signes sont des alertes, indiquant que la crise nécessite une prise en charge rapide.”

– La mesure de la saturation est-elle utile au dépistage d’une crise d’asthme ? –

“La mesure de la saturation donne une idée de l’oxygénation du sang mais c’est une mesure médicale qui n’est pas disponible à la maison. La saturation peut baisser tardivement chez les enfants. Sa normalité ne doit pas empêcher l’administration des traitements au plus vite si les autres signes de gravité sont là. Donc méfiance, ne pas être faussement rassuré par une « bonne » saturation  ! Dans l’asthme on soigne un enfant, pas un taux de saturation !”

– Quels sont les bons réflexes à enseigner à l’entourage de l’enfant ? –

“L’entourage doit être vigilant en cas de toux ou de difficultés respiratoires brutales (ou crescendo). Surtout durant la nuit ou durant l’effort. En effet la crise d’asthme ne commence pas forcément par des sifflements. En cas de doute, la ventoline est recommandée dans l’attente d’un avis médical. Le plus important est de rassurer l’enfant !”

– Que conseillez-vous aux parents d’enfants présentant des difficultés respiratoires fréquentes ? –

“Il est recommandé de consulter un médecin afin de comprendre ce que j’appelle le quoi, pourquoi et comment :

  • Quoi = Est ce bien de l’asthme ?
  • Pourquoi = Pourquoi n’est il pas équilibré ? (Observance ? Modalités administration de traitement ? Environnement ? Facteurs aggravants ? )
  • Comment = Trouver le bon traitement (médicamenteux et non médicamenteux-environnemental) pour retrouver une vie comme les copains !”